J’ai besoin qu’il me fasse confiance

Situation :

Je suis seule dans ma cuisine, je pense à l’échange téléphonique de la veille, avec mon ami, qui ne m’a pas parlé de son repas pris avec son ex.

Feuille de Travail

Je suis triste à cause de Xavier parce qu’il ne me fait pas confiance.

Je veux que Xavier me parle librement, qu’il n’essaie pas d’éviter les sujets sensibles, je veux qu’il me fasse confiance.

Xavier devrait être plus ouvert, il devrait faire confiance à notre couple, il devrait m’inclure davantage dans sa vie.

J’ai besoin que Xavier me fasse confiance, j’ai besoin qu’il me dise la vérité, j’ai besoin qu’il m’intègre dans sa relation avec Sophie, j’ai besoin qu’il se fasse confiance et qu’il s’écoute.

Xavier est secret, embrouillé, confus, dans la peur, en déséquilibre.

Je ne veux plus jamais me sentir autant impactée par nos discussions.

 

J’ai besoin que Xavier me fasse confiance,

Est-ce vrai ?   Oui

Puis-je absolument savoir que c’est vrai ?  Oui

Que se passe-t-il comment est-ce que je réagis quand je crois à cette pensée ?

Je me sens fragile, triste, désemparée, perdue. Je deviens quémandeuse comme si je lui demandais à genoux « Aime-moi », c’est une question de vie ou de mort. J’ai besoin qu’il me fasse confiance, comme si je suis une toute petite fille qui doit sauter de très haut, qui a une énorme peur, et qui attend la sécurité d’un parent.

Je pleure, j’ai mal à la poitrine, au cœur, j’attends de l’aide, un salut de l’extérieur, et de lui en particulier. Je revois des images du passé avec un autre homme ou j’attendais cette confiance. Je me sens dans la plainte, c’est trop dur. Je suis tendue vers l’extérieur, incapable de me tourner vers moi. Dans une rigidité douloureuse, une fixité sur ce qu’il fait ou dit, enfermée, dépendante de ses actions. J’attends, un message, un téléphone, un signe de sa part qui me montre qu’il peut entrer en relation avec moi, sans crainte. Avec un pistolet caché dans ma poche que je sortirai au moindre soupçon, signe qu’il ne me fait pas confiance. Je n’existe pas par moi-même, qu’à travers notre lien et la façon dont je le malmène, ce lien. Si ça ne passe pas ça casse, la relation se terminera, je démissionnerai. Et je fais une liste de toutes les bonnes raisons de stopper notre relation.

Situation de l’enfance : J’ai environ 8 ans, je dis à mes parents que je veux faire détective quand je serai grande, mon père répond que c’est n’importe quoi, que je ne vais jamais y arriver, que je dois arrêter tout de suite de divaguer. Et ma mère se tait, à côté.

Là je me sens coupée en deux, aspirée par une vague d’impuissance et d’incompréhension, de colère de dépit, de tristesse. Mon corps devient dur, froid, rigide, fermé.

A ce moment-là j’ai besoin de douceur, d’accueil, de bienveillance, d’être rassurée que ce n’est pas de moi dont il parle, J’ai besoin de gestes tendres, de mots enveloppants, consolateurs, de la part de ma mère.

Je reviens dans la situation :

Qui ou que suis-je sans la pensée « J’ai besoin qu’il me fasse confiance »

Sans la pensée, dans la situation présente je reste songeuse, nos derniers échanges défilent dans ma tête, et je n’ai pas la pensée. Je me laisse distraire ou happée par le paysage que je vois à travers la fenêtre, j’entends le moteur de la pompe à chaleur, je sens mes fesses posées sur la chaise. Il y a un recul, je deviens observatrice, comme extérieure à ce qui se joue, neutre. Sans la pensée c’est comme si j’étais une grande blessée qui sort de la salle de réanimation. Je respire, j’éprouve ma capacité à bouger mes membres, à me lever. Je deviens consciente de l’heure qu’il est, je suis présente, libre, je ressens de la faim, l’envie d’une tisane. Tout fonctionne chez moi, la vie circule dans mon corps, plus de blessure.

Je ne comprends même pas ce qui a été tellement impacté tout à l’heure, en remplissant ma feuille de Travail, j’ai l’image de mon ami, de notre relation, de ce qu’il ne m’a pas dit, et rien ne hurle, rien ne vient me stimuler, un autre monde, je me sens entière, vivante, en chemin.

Je n’ai pas besoin qu’il me fasse confiance

  • Là à table dans la cuisine, j’ai surtout besoin de revenir à la réalité, de me retrouver
  • C’est venu réveiller, révéler une blessure du passé ou j’attends du soutien de ma mère face à mon père qui ne me fait pas confiance, Xavier n’est pas directement concerné
  • Xavier est en lien avec sa propre histoire, ça n’a pas à voir directement avec moi, non plus
  • Pour prendre soin de moi et me nourrir, je n’ai rien besoin de lui
  • Parce que ça me fait mal quand j’ai besoin et que j’attends sa confiance

J’ai besoin de me faire confiance

  • Quand je suis si touchée et que je suis seule chez moi, pour reprendre pied avec la réalité
  • Confiance que je ne vais pas mettre le stimulus sous le tapis et attendre vainement le salut de l’extérieur
  • Confiance que je peux accueillir cette petite Nathalie en moi, lui donner de l’écoute, la rassurer

J’ai besoin de lui faire confiance

  • Quand je doute à ce point de son amour et de l’importance de notre lien
  • Parce qu’il est le signal que je peux me réveiller et revenir chez moi
  • Quand je suis chez moi, comme aujourd’hui, et lui à 600 km
  • Faire confiance que ses paroles et ses actes sont au service de son développement
  • Qu’il me stimulera encore et encore dans ma vulnérabilité de petite fille

J’ai besoin qu’il ne me fasse pas confiance

  • Parce que je rencontrerai encore des Sophie sur mon chemin, probablement, ce n’est pas la première ni la dernière fois, et c’est tellement doux d’apprendre avec lui.
  • Parce que je peux aussi avoir des réactions violentes et dommageables pour nous deux.
  • Parce que j’ai un outil fabuleux, le Travail, pour libérer mon enfant intérieur, agir et non plus réagir
  • Parce que parfois je voudrais prendre soin de lui comme un parent de son enfant
  • Parce que cela me ramène chez moi et qu’à partir de là, je peux écouter et faire des choix dans la liberté